L’humour malgré la société de loisirs
03.03.2019
C’est au plus tard à partir des analyses erronées de Max Weber sur Calvin que les réformés valent pour être de vrais rabat-joie. Les habituels carnavals que nous vivons durant cette période de l’année, points d’orgue d’un œcuménisme suisse vivant, ne semblent rien y changer. L’« humour de carnaval » est pour Karl Barth un exemple de « simulacre [...] d’humour », du fait qu’il ne détourne l’attention loin des peines de la vie que pour un instant. Théologiquement, il s’agirait bien plutôt de souligner un humour qui fasse face au sérieux de toute situation : « L’humour consiste […] à ne pas prendre tout à fait au sérieux le présent, non parce qu’il ne serait pas assez sérieux en lui-même, mais parce que l’avenir que Dieu fait surgir dans le présent est encore plus sérieux. L’humour consiste à mettre entre parenthèses le sérieux du présent. » (Ethik II, Paris, 1998 [1978], p. 356) Un humour authentique se rit de son propre sérieux, libérant le regard pour le sérieux bien plus grand du souci de Dieu. Rira bien, non pas celui qui rira le dernier, mais celui qui rit avec celui qui crée et achève sa propre vie.
Frank Mathwig